lundi 10 septembre 2012

Une photo, quelques mots #5

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Les règles du jeu :

Chaque semaine Leiloona  poste une nouvelle photo de la galerie de Kot. On s'en inspire pour écrire un texte. Ni genre, ni formes imposés. La publication se fait tous les lundis en début de journée, histoire de commencer la semaine par de la lecture ! 

Ca faisait un petit moment que j'attendais de reprendre cet atelier d'écriture et ça y est, c'est la rentrée !   La photo de cette semaine est très jolie mais surtout très complexe et la marge d'interprétation... hum, à peu près illimitée ! J'ai hâte de lire les écrits des autres participants. Pour ma part, je me suis essayée à un nouveau registre : le conte de fée (enfin, cela reste évidemment à améliorer pour parler d'un véritable conte mais bon). Trève de bavardage, bonne lecture !





Conte sur un boutiquier solitaire qui ne croyait plus en rien

Il était une fois un pauvre homme qui tenait une boutique de restauration de meubles et de tapisseries. Cet homme n’était ni le plus beau, ni le plus intelligent. Il n’était plus jeune et fort comme il avait pu l’être. Sa femme était partie rejoindre les anges ; ses enfants, peu intéressés par une vie pénible de commerçant anonyme, étaient partis trouver de quoi satisfaire leur ambition dans des contrées plus lointaines. Non, cet homme triste, seul et faible possédait juste le don de rendre aux objets leurs plus somptueuses couleurs. Ses mains longues et délicates savaient toucher les tissus et les matières.

 Mais les dons s’effacent quand les hommes oublient d’avoir confiance en la magie. Le boutiquier ne se rappelait plus que son art était exceptionnel. Depuis qu’il s’était retrouvé seul au monde, seul au fond de sa boutique, il ne travaillait plus que sur commande, il ne créait plus. Comme pour ces machines qui lui confisquaient son travail, ses mouvements devenaient automatiques et froids. Les temps étaient bien difficiles pour le vieil homme qui avait de moins en moins d’ouvrage. Un jour qu’il attendait dans l’arrière-boutique les clients qui se faisaient rares, il pensa pour lui-même :

« Ah, si seulement les passants pouvaient voir dans ma vitrine non ce lieu sombre et poussiéreux mais les plus belles choses que leur esprit désire ! S’ils pouvaient faire attention à ce qui les entoure !».

C’est alors qu’une bonne fée jaillit d’un miroir posé non loin de là. L’homme abasourdi se figea dans son fauteuil mité. La fée rayonnante s’approcha de lui et dit :

« Mon bon monsieur, tes prières ont été entendues. Sache que ce ne sont pas les gens qui ne veulent pas voir les merveilles de ta boutique, c’est ton propre regard qui s’est érodé avec le temps, rendant tout morose et glacial. Retrouve ton âme d’enfant, tu retrouveras ton don. 
- Comment croire en l’avenir quand chaque jour solitaire est plus pénible que le précédent ?
- Cesse de ne penser qu’à ton malheur, observe la vie des gens, découvre leur monde et ils verront enfin le tien. Tu verras, il suffit souvent de croire en l’autre pour que l’autre croie en toi. Un sourire appelle un sourire. La vie est comme un miroir géant. »

Sitôt éteinte la lumière apportée par la fée du miroir, le vieillard voulu mettre en pratique ces conseils. Il s’approcha de la vitrine et sourit aux passants intrigués par sa vieille devanture. Et ce fut une expérience sensationnelle ! Comme si cent âmes avaient soudain investi sa tête, il eut mille pensées simultanées :

ce jeune homme seul qui passait s’arrêta pour admirer les lampes anciennes, il voulait redécorer son appartement qu’il partageait depuis peu avec sa fiancée dans ce style rétro, et ce professeur de contrebasse qui cherchait à donner une nouvelle jeunesse à son étui, et surtout  cette petite fille au visage d’ange qui rêvait devant une poupée de porcelaine à la jambe brisée, elle aurait voulu la soigner et l’emporter chez elle pour la consoler et lui offrir une compagnie, et celui-ci, et celui-là…

Tous ces gens attirés par la gentillesse du boutiquier souriant et qui semblait si bien les comprendre entrèrent et soumirent leur requête au brave homme. La magie était revenue dans la boutique qui semblait éclairée de l’intérieure. Les mains de l’homme se remirent à tisser, à retendre, à raccommoder, à rempailler… A recréer en somme ! La lumière ne venait pas des lampes, elle ne venait pas non plus de la propreté retrouvée de la boutique. Non, c’est le cœur même du boutiquier qui donnait un nouvel éclat et irradiait de bonheur depuis qu’il avait recouvré sa joie et sa foi ! 

14 commentaires :

  1. j'aime beaucoup ton conte et sa morale, mes lectures du moment vont dans ce sens aussi, oui sourire à la vie et aux autres apportent forcément de belles choses. Bien mené.

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    1. Oui, je trouve que c'est une bonne philosophie Merci beaucoup en tout cas !

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  2. Quel joli conte lumineux! j'aime beaucoup, merci!

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  3. Une belle idée que ce conte, puisqu'on avait en effet pas mal d'ingrédients sur cette photo ! :D

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    1. Oui, je me suis dit pourquoi pas, pour une fois, changer de registre ? Merci !

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  4. Une bien joli conte qu'on aimerait voir vrai !

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  5. Ah, enfin quelque chose de positif sort de cette photo! J'en suis toute ragaillardie. Merci pour ce moment.

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    1. Merci ^^ C'est vrai que la plupart des textes produits sont assez noirs voire angoissants... C'est amusant cette latitude de perspectives différentes possibles !

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  6. exercice parfaitement réussi... je me suis laissée entraîner par les mots... j'ai tout vu !!!!

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  7. On est pris par la lecture et on est surpris quand c'est la fin !
    avec le sourire

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