lundi 20 février 2012

Le liseur, Bernhard Schlink


A quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il lui fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain. Sept ans plus tard, Michaël assiste, dans le cadre de des études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles. Accablée par ses coaccusées, elle se défend mal et est condamnée à la détention à perpétuité. Mais, sans lui parler, Michaël comprend soudain l'insoupçonnable secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée, et aussi cet étrange premier amour dont il ne se remettra jamais. Il la revoit une fois, bien des années plus tard. Il se met alors, pour comprendre, à écrire leur histoire, et son histoire à lui, dont il dit : "Comment pourrait-ce être un réconfort, que mon amour pour Hanna soit en quelque sorte le destin de ma génération que j'aurais moins bien su camoufler que les autres ? "




Un roman complexe écrit dans un style recherché. Je l'ai lu en moins de deux jours (ce qui est assez rare chez moi). L'histoire est vraiment prenante. Mais ce sont surtout les réflexions sur la Grande Histoire qui sont très bien abouties : ces réflexions sur "la tragique banalité du mal" comme dirait Hannah Arendt. Il est difficile de compatir avec une nazie. Difficile psychologiquement pour un lecteur moderne qui connait toutes les horreurs de la période de ne pas pouvoir s'empêcher de s'attacher à une nazie, je veux dire. Et pourtant, Hanna est attachante. Alors ce livre est bouleversant et nous amène à nous interroger sur la notion de responsabilité et de culpabilité. L'auteur nous place en juge de Hanna. Comme si nous avions le droit et la capacité de juger une époque ! 

Michaël, en revanche, je l'ai moins apprécié. Je l'ai trouvé prétentieux, il a l'arrogance de son âge, je pense, mais c'est assez déplaisant. A l'inverse (je sais que c'est l'effet recherché mais bon), je l'ai trouvé trop timide et soumis avec Hanna, c'est agaçant. Par ailleurs, au-delà de la guerre, la relation entre Hanna et Michaël est dérangeante. On ne sait pas (là encore) comment la juger : est-ce malsain ? est-ce un amour véritable et beau ? Certainement les deux à la fois.





Je ne veux pas dévoiler le nœud de l'histoire pour ce qui ne l'ont pas lu. Le fait d'avoir connu le secret de Hannah avant ma lecture a levé toute une part du brio du livre. Je suis presque sûre que si j'avais lu le roman sans rien savoir, c'aurait été un coup de cœur  Toujours est-il que l'intérêt du lecteur est maintenu intact du début à la fin du roman qui se déroule sur trois périodes distinctes. Chacune est prétexte à une avancée dans la réflexion. Ce roman aurait pu être une dissertation ou une thèse sur la responsabilité ou justement l'absence de responsabilité de la nation allemande dans l'exécution de l'idéologie nazie. Il pose la question centrale qui revient sans cesse à l'esprit des gens de l'après guerre, à notre esprit : qu'aurions nous fait à leur place ?

Une lecture nécessaire.





Je n'ai pas encore vu le film, mais j'ai le DVD. J'attendais d'avoir fini le roman. On m'a dit qu'il était magnifique (ce dont je ne doute pas au vu de la qualité du livre) !

♥♥♥♥


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