lundi 2 janvier 2012

Une photo, quelques mots #2


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Deuxième participation à cet atelier d'écriture ! Modeste participation cette semaine avec un texte on ne peut moins percutant  mais bon, l'image était trop jolie pour la laisser passer alors au diable le manque d'inspiration ! 

Les règles du jeu :
Chaque semaine Leiloona  poste une nouvelle photo de la galerie de Kot. On s'en inspire pour écrire un texte. Ni genre, ni formes imposés. La publication se fait tous les lundis en début de journée, histoire de commencer la semaine par de la lecture ! 

La première photo de 2012 : 


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1694, France.

La mort est partout, la misère quotidienne est sa complice. Les champs tristes et désolés de l’hiver voyaient s’avancer le cortège funéraire. Le froid, les menues récoltes de ces années glaciales, la maladie venaient trop souvent ravir des hommes forts, des femmes jeunes et belles et des enfants. Des enfants. La mort est très certainement grise comme les paysages pluvieux, grise comme la tristesse. 

Cette fois, c’était Jean dans le cercueil. Claude et Francis avaient pris la tête des porteurs pour la levée du corps. En l’absence d’un père, déjà parti, en l’absence de frères en âge de le faire, ils s’étaient sentis désignés pour accompagner leur ami vers sa dernière demeure. Francis à gauche, Claude à droite. Une dernière fois, ils précèderaient Jean, pour qu’il n’ait pas peur. Jean avait toujours été en retard, toujours dans l’ombre, jamais le premier. Pas aussi fort que Francis aux champs, pas aussi habile que Claude à l’atelier de ferronnerie. Moins beau, moins rapide, moins grand. Cette fois, enfin, il était devant. Pour la première fois, il serait seul ; pour la première fois en tête. 

Et cette morne allée de la ferme au cimetière de l’église, désespérément droite et plane ! Ils avançaient à pas régulier, sans ployer sous le poids du cercueil. Déchirant les pleurs d’une mère, d’une sœur. Glaçant, le silence d’une épouse. Déconcertant, la passivité d’un enfant. 

Mais la tristesse des amis est la plus dure. Elle n’est pas celle à laquelle on pense. Elle n’est pas celle que l’on remarque. Elle est différente. Francis et Claude avait protégé Jean, ils l’avaient aimé plus qu’un frère car ils s’étaient choisis. Ils resteraient orphelins, petits, tristes et seuls. 

Ce n’était pas leur premier enterrement, c’était le premier qui comptait. 

10 commentaires :

  1. Bonjour,

    déjà je te souhaite une bonne année 2012.

    Je le trouve très beau ton texte, il m'a touché! Merci!

    bonne journée

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  2. Pourquoi dis-tu qu'il n'est pas percutant ? J'aime beaucoup l'émotion qui se dégage de cet écrit.

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    1. Merci, c'est gentil ^^ Je ne suis pas pleinement satisfaite, j'ai l'impression que ce texte n'a ni début ni fin. Mais bon !

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  3. Touchant ce texte. J'ai cherché s'il s'agissait de Jean de La Fontaine (1695) ou Jean Racine (1699) mais non. Juste une époque ! :P

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    1. Ah oui, ça aurait pu être bien Non, c'était juste des années de très mauvaises récoltes à cause du
      refroidissement climatique, ce que certains historiens comme Emmanuel Leroy Ladurie appellent "le petit âge glaciaire".

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  4. bein dis donc, on est sinistre aujourd'hui...

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    1. Oui, les textes ne sont pas bien gais cette semaine ^^ C'est la photo qui veut ça !

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  5. Un texte poignant et beau. :-) Bonne année 2012 ! :D

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