mardi 23 août 2011

"Je vous écris d'Italie...", Michel Déon (de l'Académie française)


L'été 1949, un jeune homme à l'enthousiasme stendhalien, Jacques Sauvage, historien de son état, retourne dans l'Italie qu'il a brièvement traversée avec sa section de tirailleurs en 1945. De tous ses souvenirs encore frais, le plus lancinant et le plus émerveillé est celui d'une halte à Varela, bourgade fortifiée dans une vallée perdue au coeur de l'Ombrie.
En historien il s'intéresse au passé de Varela, fondée au XVIème siècle par un condottiere ; en ancien combattant il aimerait tirer au clair un des mystères de sa brève campagne en Italie ; en homme il désire revoir celle qui l'a hébergé pendant son séjour, la Contessina Beatrice de Varela, dernière du nom, au beau et noble visage.A peine arrivé, il est brusquement plongé dans la vie cachée de Varela et de sa vallée, dont les moeurs n'ont pas bougé en trois siècles. La clé de l'énigme est une fête païenne à laquelle tous les habitants se préparent en secret.
Jacques Sauvage apprendra à être un homme, à se méfier autant de ses propres désirs que de ses coups de coeur, mais, un temps au moins, il a étrangement vécu dans le passé lointain et dans le présent, confondant l'un et l'autre, grisé par tout ce qu'il découvrait, bien obligé cependant d'admettre que ce monde n'est pas fait pour lui et qu'il serait d'une imprudence folle d'en détacher Beatrice ou son ardente soeur, Francesca. (Note personnelle : ou la jeune séductrice à l'air de nymphette de 16 ans, Adriana...).



Pour la petite histoire, ce roman faisait partie de ma PAL depuis plus d'un an. Je l'avais trouvé à la foire au livres de mon village en me disant bien que je ne le lirai qu'une fois la prépa finie. Vous conviendrez que ce titre et ce "résumé" sont plus qu'attirants ! Je m'attendais à une histoire romantique, mêlée d'Histoire, le tout dans un cadre idyllique....

Mais, en fait, pas du tout ! 
Pour tout vous dire, c'est une lecture que j'ai été soulagée d'achever. Entendons-nous bien, ce n'est pas, loin s'en faut, un "navet littéraire", mais je n'en garderai pas le souvenir d'une réussite. L'auteur est membre de l'Académie française ce qui est, au moins, une garantie pour le style. Certes les phrases sont bien construites, le vocabulaire recherché (même si j'ai été surprise par certaines libertés comme les trois points d'exclamation à la suite qui se retrouvent plusieurs fois "!!!"). Quoi qu'il en soit, je n'ai pas accroché : les prhases sont longues, parfois un peu lourdes. Cela colle à l'atmosphère du roman me direz-vous : la chaleur pesante de l'Italie et la monotonie des vies décrites.

Nous en venons donc au fond de l'histoire. Et là non plus, je n'ai pas été transportée. Le protagoniste, Jacques Sauvage, est un personnage ennuyeux au possible : il le dit lui-même ! "Francesca a du feu et moi je suis tellement, tellement ennuyeux, dit-il avec un sincérité désarmante"...Bref, il ne prend jamaisd'initiatives, il est lent et grandiloquent par dessus tout (ah cette manie insupportable d'italianiser son nom !). Pour sa défense, tout est lent dans le roman, rien ne se passe vraiment, on est dans l'attente perpétuelle et le pire c'est que notre attente est déçue... Pour en revenir à Jacques, il reste extérieur aux rares moments d'action, les choses se passent autour de lui main non avec lui (encore moins grâce à lui). Vous l'aurez compris : il m'agace ! 
Par ailleurs, l'univers hypocrite, fermé, et malsain donne lieu à une sensation étouffante comme un huis-clos. Tout le monde reste enfermé dans une fatalité que personne n'essaie de dépasser. Je suppose que c'est l'ambiance qu'a voulu créer Michel Déon : on ne s'échappe pas de Varela. Mais, moi, ça ne m'a pas plu. 

Reste quelques passages intérressants, quelques personnages attachants (comme Assunta, une paysanne bien en chair qui aime les plaisirs simples de la vie ; Adriana, la petite nymphette qui finit par nous attendrir autant qu'elle peut nous choquer ; son petit frère Umberto ; et même la Contessina Beatrice malgré son inaccessibilité exaspérante !). Il faut aussi reconnaître à Michel Déon un talent indéniable pour parler de sensualité et de plaisir.

En bref :

Un roman qui ne démérite pas complétement mais dont on peut aisément se passer. Je ne vous le conseille pas spécialement, mais qui sait ?, peut-être serez-vous plus sensible que moi au charme de cette ville oubliée de l'Italie, au plaisir et à l'ennui des habitants...

Une consolation pour moi : Varela n'existe pas en réalité (j'ai fait des recherches ) !

 ♥♥♥♥♥

2 commentaires :

  1. Chère Mademoiselle, depuis ma découverte de Michel Déon ,à la lecture du "Taxi Mauve", il y a près de 40 ans, hormis peut-être le roman "La montée du soir" ou le livre de souvenirs "Tout l'amour du
    monde", je n'avais jamais lu de livre aussi remarquable que "Je vous écris d'Italie" que j'ai découvert dans une bibliothèque de quartier, dans son édition originale. Tombant tout à fait par hasard
    sur votre analyse critique du livre, elle m'a d'abord désarçonné avant que je tente de m'expliquer pourquoi le même livre nous semble tant dissemblable. Peut-être la différence de... générations
    entre nous. Etant né dans la décennie qui suit l'époque de l'histoire contée dans le livre (même si écrit par Déon bien plus tard), j'ai encore connu, en Belgique (mais cela devait exister
    également ailleurs) des milieux changeant peu, des jeunes hommes plus timides qu'attentistes, une lenteur de vie qui n'avait peut-être pas que de mauvais côtés comparée à l'agitation souvent
    désordonnée de nombre de personnes de tous âges aujourd'hui.
    Avec mes sentiments les plus cordiaux,
    Michel, Liège (Belgique) ,géographe

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    1. Eh bien, Monsieur, sachez que je suis ravie de voir que ce roman vous a plu ! Comme je le dis dans ma modeste critique, qui n'est, bien sûr, qu'un avis totalement subjectif, j'ai l'impression
      d'être passée à côté de ce qui fait l'intérêt de l'histoire et je n'ai pas été receptive à cette atmosphère très étudiée. Je conçois sans peine que ce roman puisse être apprécié, je n'en nie
      aucunement les qualités.

      En effet, il s'agit peut-être d'une différence de génération. Il me semble qu'il y a des romans qu'il ne faut pas entamer à n'importe quel âge. Il est possible que j'ai lu ce roman en étant trop
      jeune, je le relirai certainement plus tard.

      Quoiqu'il en soit, soyez sûr que je respecte tout à fait votre opinion bien que la mienne n'ait pas changé. Après relecture, je pense que l'avis que j'ai publié est un peu catégorique mais, je le
      répète, il n'engage que moi et je m'excuse si j'ai l'air de faire de mon ressenti une généralité incontestable.

      Merci, en tout cas, de partager votre point de vue à l'opposé du mien : ainsi la réflexion est engagée pour les lecteurs qui auront sans doute envie de se forger leur propre opinion en découvrant
      Varela par eux-même !

      La littérature permet cette confrontation positive des opinions et peut engendrer les plus beaux débats !

      Cordialement,
      Aurore.

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